Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est toujours un moment pour célébrer les victoires dans la lutte des femmes, en faire le bilan, mais aussi pour se projeter plus avant. Ce que nous suggère le thème de la campagne portée par le Collectif 8 mars, L’avenir est féministe, avec son visuel créé par l’artiste Stacy Bélanger Bien-Aimé.
À travers leurs luttes, les femmes travaillent pour une société qui incarne des valeurs progressistes. « Le retour en arrière, le retour à la « normale » et le statu quo ne peuvent être envisagés. Ce que nous voulons, c’est une société qui unit nos voix et nos horizons pluriels et qui reconnaît l’intersectionnalité des oppressions; une société qui répond enfin à nos besoins et qui respecte les droits et la dignité de toutes les femmes », peut-on lire dans les textes accompagnant la campagne.
Nous avons demandé à Joanne Blais, directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM), ce qu’est la vision féministe de l’avenir. « On va tendre à voir disparaître les inégalités entre hommes et femmes et entre les femmes elles-mêmes », nous dit-elle. « Ce jour-là, je n’aurai plus de job », ajoute-t-elle en riant. « Mais ce serait bien ».
Mais ce n’est pas encore gagné. « On doit d’abord reconnaître qu’il y a des systèmes d’oppression. Que ce soit le patriarcat, le racisme, le sexisme. Une fois reconnu, il faut poser des gestes concrets pour que ça ne se perpétue plus ».
Les inégalités économiques vécues par les femmes sont peut-être les plus flagrantes. « Les femmes n’ont pas la même égalité des chances, surtout lorsqu’elles sont à la croisée des systèmes d’oppression ». On pense par exemple aux femmes racisées, aux femmes autochtones.
La violence faite aux femmes est aussi, malheureusement, toujours dans l’actualité. Un phénomène qui a même cru ces deux dernières années, en témoigne le trop grands nombre de femmes dans les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence.
Une utopie?
Pour Joanne Blais et les mouvements de femmes, l’avenir féministe n’est pas une utopie, mais il faut y mettre les efforts nécessaires pour qu’il se réalise. Il faut y consacrer des ressources, notamment en santé et services sociaux et en éducation. « Dans un avenir féministe, les enfants auraient une éducation égalitaire. Pour faire disparaître toutes les inégalités, une fois pour toutes ».
Et bien qu’il y ait encore énormément de travail à accomplir pour que cet avenir devienne réalité, les alliés aux luttes féministes sont plus nombreux qu’avant, autant hommes et femmes. On pense aux groupes de défense de l’environnement ou des personnes racisées, par exemple, qui partagent les valeurs d’égalité et de solidarité des mouvements féministes.
Leur collaboration est la clé, selon Joanne Blais. « On doit travailler ensemble, afin d’être plus forts pour porter la voix de toutes les femmes. Il faut travailler à changer les mentalités, afin que d’autres se sentent intéressés par nos luttes ». Il faut qu’une part grandissante de la population appuis ces luttes pour qu’ils puissent influencer les élus. La collaboration, la concertation et la mobilisation sont indispensables « pour changer les choses concrètement dans les pratiques, les décisions ».
Nouvelle génération
Joanne Blais est confiante en l’avenir parce qu’elle voit de plus en plus de jeunes femmes intéressées et impliquées. Elle les voit s’engager dans différents groupes, travailler dans les organismes, alimentant les réflexions avec de nouveaux points de vue et portant ensuite cette expérience acquise dans les groupes. Portant l’intégration des femmes dans toutes leurs diversités.
Des jeunes femmes qui poussent parfois un peu sur les générations plus âgées. « Mais quand moi je suis arrivée, je n’étais pas reposante non plus », nous dit Joanne Blais. « Il faut accepter de se faire « shaker » ». C’est en fait toute une société qui doit accepter de se faire « shaker ».